14 janvier 2006

Journée-type

6h du matin, le réveil sonne.
7h, petit-déjeuner continental (baguette, beurre salé) en communauté.
7h30. On grimpe tous dans le pick-up pour une traversée du Conakry matinal : rond-point de Bambeto, on accélère devant les flics. Des chiens faméliques sur le terre-plein central, les gosses en uniforme beige qui s’entassent dans les transports, toilettes et brossages de dents au bord de la route, à côté de la boucherie qui ouvre et vient de pendre une demi-chèvre sanguinolante en devanture. Ça grouille et ça klaxonne dans tous les sens, des vieilles "tantis" se prennent les pieds dans leurs pagnes en traversant.

Carrefour de Cosah : après le marché aux bestiaux, on passe les rails reconvertis en voie piétonnière, il y a déjà beaucoup de monde avec toutes sortes de choses sur la tête. Là, on a un beau point de vue : lever de soleil sur la mangrove, quand on arrive à y voir à travers le nuage de poussière. Rond-point Tanerie, marché Tanéné, ou le « marché qui pue », c’est le marché de la forêt : monceaux de bananes, ballots de palmes, le tout posé sur un véritable tas d’immondices en putréfaction. On peut aussi y trouver pattes de singes et autres boas.

Matoto, 8h : arrivée au dispensaire. Déjà une longue grappe de vendeuses à l’entrée, petits-déjeuners sur un banc : riz-sauce poisson. On fait la grimaçe. Le gardien nous ouvre. Longues salutations à tous les membres du personnel, et la santé, et la famille, on t’as pas vu, t’étais où, etc. La cour est déjà pleine de malades qui patientent. Encore des enfants brûlés, je me demandent comment ils restent aussi sages avec de telles plaies. La journée à Saint-Gabriel commence après la prière. Moi, je vaque à mes occupations diverses et variées : collages, peinture, scie sauteuse, perceuse, dessin, pesage de bébés, aide aux patients perdus dans mon soussou approximatif, mises en page sur word (;:%**??!!!!), visite au vieux peul Barry - fournitures de bureau au coin.

13h. départ du dispenaire sous la cagna pour le marché de Matoto : on y trouve de tout, matériel de bricolage, bois, bâches, photocopies, pagnes en wax, frappeurs de bazin, tongs…..
Direction chez Buba et Jeanne où on m’offre le riz du jour.

14h30. Toute la troupe de l'"Oiseau Blanc" grimpe dans le magbana pour aller à la salle de répète où je tape le djembé parmi eux (ou je danse, ça dépend des jours, mais dans les deux cas, j’y laisse quelques litres de sueur).

17h30 : J’achète 3 oranges pré-pelées (malaxer, sucer le jus par un trou, cracher les pépins) avant de monter dans le taxi qui me dépose au rond-point aéroport. Puis autre taxi direction Bambeto : on est entassés et on fait connaissance, on reconnait le chauffeur, comme celui qui a décrété qu’il est mon mari : « monte, chérie, y’a de la place ».

« Chauffeur, ça descend, Coco-buni » : je suis arrivée. Il n’y a pas loin jusqu’au portail mais ça peut prendre un certain temps : saluer la voisine peul « On’dyarama » et faire des sourires au petit Saliou, se faire attraper au passage par Binta qui m’a repérée de son atelier, saluer comme il se doit Mamadi, notre gardien malinké.
Entre-temps les filles sont rentrées du dispensaire et finissent le repas du midi-de-cinq-heures. Drôle de rythme…

Le soir, je replonge dans notre havre occidental (pâtes-dvd-chocolat) mais pas pour longtemps : je préfère terminer la soirée dans le quartier, souvent avec Binta et ses filles, qui ne manquent pas de me faire goûter à toutes les spécialités locales que l’on trouve sur le bord de la route (je renforce mon système immunitaire).

Awa, won tina, Ooô ! *

EmilyConakry


En soussou :
*Allez, à demain, salut !

09 janvier 2006

Cliché de Koloma

Je n'étais jamais remontée là, en haut de notre rue.
Tout un quartier, ou plutôt un village y est perché sur du caillou, loin de la route, loin de tout. Ici, en plein Conakry.
Après avoir gravi ce roc, on se retrouve sur un grand dégagement de terre. D'un coté, une école et ses petits élèves en uniforme beige. De l'autre, des tapis posés pour la prière sous un grand manguier. Après un dédale de petites rues, voilà enfin le marché. Un cinéma : on a affiché la jaquette de 3 cassettes vidéo sur un panneau en bois, quelques chaises, et les heures de diffusion (Bruce Lee, Schwarzenegger…).

Un petit filet d’eau descend en escalier au milieu de cailloux et d’une montagne de détritus. Par paliers, de petits marigots verdâtres se forment, une nuée de moustiques posés dessus. Marche suivante : un bébé sur son pot, la maman fait la lessive à côté. En face, les poules picorent à côté d’une vendeuse d’ « amuse-gueules » (petits poissons séchés).

C’est le quartier des « ninjas » : des femmes entièrement couvertes de noir, gants, chaussettes et petit voile noir recouvrant entièrement le visage. J’ai un frisson chaque fois que je les vois : elles me rapellent les chevaliers de la mort de Tolkien.

EmilyConakry